Pitch Black (David Twohy, 2000) – Critique & Analyse
Beaucoup d’amateurs de science-fiction qui arpentaient les salles obscures ou louaient régulièrement des DVD devaient connaître le nom de Riddick. Ce personnage patibulaire, assez charismatique mine de rien, que le grand public découvrait, pour la majorité, dans Les Chroniques de Riddick, en 2004. Mais les vrais aficionados l’ont connu quelques années auparavant, dans Pitch Black.
Fiche du film

- Genre : Horreur, Science-Fiction
- Réalisateur(s) : David Twohy
- Distribution : Vin Diesel, Radha Mitchell, Cole Hauser
- Année de sortie : 2000
- Synopsis : Un vaisseau spatial transportant une quarantaine de civils est percuté par une météorite et se crashe sur une planète inconnue. Les membres de l’équipage périssent dans l’accident, à l’exception de Fry, une jeune pilote, et de quelques survivants. Parmi eux, un imam et ses disciples, un antiquaire, une géologue, une adolescente, le chasseur de Johns et Riddick, un criminel endurci en cours de transfert vers sa prison. Alors que le petit groupe tente de s’organiser sous un climat aride de jour perpétuel dominé par trois soleils, ils découvrent qu’une éclipse va bientôt frapper la planète, permettant à de monstrueuses créatures nocturnes de se mettre en chasse… (SensCritique)
Critique et Analyse

Dans ce premier film, le personnage de Riddick est assez mystérieux. Il est dépeint comme un criminel dangereux, ici transporté avec d’autres passagers dans une forme de léthargie proche de la cryogénie. Au cœur des discussions, on ne sait pas encore qu’il est le réel protagoniste, celui qui fera bouger les choses. Dans un premier temps, il s’agit de réussir un atterrissage d’urgence, qui ne sera pas sans casse. Riddick, lui, n’apparaît que dans des flashs, brièvement visible dans sa cuve, enchaîné, les yeux bandés, avec un message écrit mentionnant bien le fait que l’individu ici présent est dangereux. En quelques secondes, une forme d’aura se crée autour de ce personnage. Après le fracas, l’exploration. Pitch Black peut commencer.
« Dans Pitch Black, on s’intéresse plus à ce qu’on ressent qu’à ce qu’on voit réellement, car nous savons que nous avons affaire à une série B fauchée, mais celle-ci a des surprises à offrir. »
Bien que l’an 2000 commence à s’éloigner dans notre passé, il n’est pas si reculé, et la vue des premiers effets spéciaux utilisés dans Pitch Black témoignent de l’aspect assez limité des moyens dont le film dispose. C’est ainsi que le spectateur doit se familiariser avec un film basé sur la débrouille. Un nombre limité de personnage, des procédés visuels basés sur des astuces, pour retranscrire un climat, comme une image sur-saturée pour traduire la chaleur écrasante qui règne sur cette planète désertique. Un moyen, également, d’éloigner l’image des tons qui nous sont familiers, pour rappeler que nous sommes perdus quelque part dans l’univers, on ne sait où. Dans Pitch Black, on s’intéresse plus à ce qu’on ressent qu’à ce qu’on voit réellement, car nous savons que nous avons affaire à une série B fauchée, mais celle-ci a des surprises à offrir.

D’un point de vue scénaristique, la surprise est assez limitée, du moins dans le déroulé du film. Une dizaine d’étrangers aux profils variés, sur une planète isolée et hostile, on sait que cela virera au slasher, où l’on peut presque deviner l’ordre dans lequel les victimes vont quitter la scène. En revanche, ce qui est intéressant, c’est la construction du personnage de Riddick, paria dangereux devenant la clé essentielle pour sortir de ce pétrin. Ambigu dans son comportement, on ne sait pas exactement quelles sont ses motivations. Est-il un gentil ou un méchant ? Le spectateur qui a découvert les films suivants avant Pitch Black verra forcément son visionnage biaisé, mais celui qui commence par Pitch Black sera davantage exposé au doute. Ce qui fait également l’intérêt du film, c’est cette menace invisible (ou presque), camouflée par l’éclipse (donnant son nom au film), qui peut surgir à tout instant pour frapper. Un bon moyen pour créer une tension permanente, et aussi une astuce pratique pour ne pas trop exposer des créatures un peu trop visiblement artificielles.
Se promenant quelque part sur les traces de Mad Max et de The Thing, Pitch Black tente de créer son propre univers, avec pour figure centrale celle de Riddick, personnage charismatique campé par un Vin Diesel ici dans un registre qui lui sied bien. Le film de David Twohy n’est certes pas révolutionnaire, mais il fait preuve d’ingéniosité et propose une expérience intéressante. Une série B qui a su trouver son public et qui a, avec le temps, su se forger une belle réputation. Pitch Black ne ratisse peut-être pas large, mais il a désormais son public, et c’est ce qui avait poussé Twohy à pousser ses ambitions avec Les Chroniques de Riddick, non sans risques…