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Cinexpress #197 – Le Tombeau des Lucioles (1988)

Les films d’animation des Studio Ghibli sont aujourd’hui considérés comme des références absolues en la matière. Leur réputation n’est plus à faire, tout comme celle d’Hayao Miyazaki, illustre personnalité du cinéma d’animation, ainsi que celle d’Isao Takahata, hélas disparu récemment. Ces films tiennent leur succès d’une savante capacité à créer de l’émotion et à raconter de belles histoires pour nous marquer durablement. Peu initié à la filmographie des studios Ghibli, j’ai donc choisi de récemment rattraper l’un de leurs premiers films : Le Tombeau des Lucioles.


Fiche du film

Affiche du Tombeau des Lucioles (1988)
Affiche du Tombeau des Lucioles (1988)
  • Genre : Animation, Drame, Guerre
  • Réalisateur : Isao Takahata
  • Année de sortie : 1988
  • Casting : Tsutomu Tatsumi, Ayano Shiraishi, Yoshiko Shinohara
  • Synopsis : L’histoire tragique de l’adolescent Seita, de sa jeune sœur Setsuko et des luttes qu’ils mènent pour survivre au Japon de la Seconde Guerre Mondiale. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Le Tombeau des Lucioles (1988)
Le Tombeau des Lucioles (1988)

Ce film a la réputation toute particulière de l’être l’un des films d’animation les plus tristes qui soit. Le contexte est d’ailleurs favorable, avec cette immersion brutale dans un Japon en pleine Seconde Guerre Mondiale. Ici, nous allons suivre Seita et Setsuko, victimes directes de la guerre, arrachés à leur famille, sans foyer, devant trouver de l’aide et un refuge, tout en tentant de garder la joie de vivre et l’espoir. C’est souvent dans la brutalité des images, dans le choc qu’elles provoquent, et l’horreur des situations, que certains films de guerre trouvent leur puissance et leur impact. Les explosions, les blessures, les morts et le feu dont d’ailleurs très présents dans Le Tombeau des Lucioles, notamment lorsqu’un paisible village japonais coloré se transforme en un Enfer gigantesque dans une scène apocalyptique.

« Ici, la guerre est montrée dans tout ce qu’elle a de plus négatif. Si l’ennemi vient des airs pour tout détruire, les deux enfants ne peuvent guère davantage compter sur le soutien de leurs concitoyens. Dans ce monde enflammé au bord de la rupture, les esprits sont à vif, les blessures saignent, chacun tente de survivre tant bien que mal, quitte à devoir tourner le dos aux nécessiteux. »

C’est cette scène d’apocalypse qui sera le déclencheur, car si le feu s’éteint, c’est bien dans un Enfer plus conceptuel qu’évoluent Seita et Setsuko au crépuscule de la guerre. Préférant s’occuper de sa petite sœur pour la distraire et la rendre heureuse que s’engager dans l’armée pour défendre l’honneur de l’Empire, il est conspué par sa tante. Il doit revendre les affaires de sa mère, voler, prendre de grands risques pour tenter de survivre. Ici, la guerre est montrée dans tout ce qu’elle a de plus négatif. Si l’ennemi vient des airs pour tout détruire, les deux enfants ne peuvent guère davantage compter sur le soutien de leurs concitoyens. Dans ce monde enflammé au bord de la rupture, les esprits sont à vif, les blessures saignent, chacun tente de survivre tant bien que mal, quitte à devoir tourner le dos aux nécessiteux.

Le Tombeau des Lucioles (1988)
Le Tombeau des Lucioles (1988)

Le Tombeau des Lucioles se construit sur l’absence manifeste d’espoir dans un monde en guerre. Seita est l’incarnation de cet espoir, tentant de montrer à Setsuko que le monde est beau, que la guerre est là, mais que la Terre continue de tourner malgré tout. C’est ce jeu à la fois poétique et désespéré qui vient happer le spectateur, horrifié par la destruction causée par la guerre et la paranoïa ambiante, et touché par ces moments d’innocence colorés et enjoués qui rappellent que la vie est belle. La question qui nous vient alors à l’esprit est : pourquoi toute cette souffrance ? Tout cela semble bien vain et injuste, et la solitude de Seita représente le délaissement de nombreux enfants ayant dû subir l’enfer de la guerre malgré eux, des êtres innocents ne demandant qu’à vivre, et ne trouvant finalement que la mort.

Dramatique, poétique, mélancolique, Le Tombeau des Lucioles ne peut laisser insensible. Ce conte montre toute la capacité des studios Ghibli à nous parler, à nous transmettre des messages et à nous faire réfléchir à notre condition. On ne peut que relativiser nos propres problèmes et nos propres malheurs, dédramatiser, et profiter de la vie. Comme des âmes errantes, les lucioles éclairent la nuit dans de fugaces instants de poésie et d’émerveillement, nous faisant penser à quel point le monde peut être cruel, mais aussi à quel point il peut être beau.


Note et avis

4/5

Le Tombeau des Lucioles est un drame émouvant qui fait de l’innocence la première victime de la guerre. Raconté avec poésie et mélancolie, ce sont autant de moments d’allégresse que de détresse qui se succèdent dans un film qui fait aujourd’hui date dans l’histoire des studios Ghibli.


Bande-annonce du Tombeau des Lucioles

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

2 réflexions sur “Cinexpress #197 – Le Tombeau des Lucioles (1988)

  • Un incontournable des grands animes. A conseiller au plus grand nombre, car il le mérite

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    • Clairement ! Un film tout à fait poignant. Et qui me donne envie de continuer à découvrir les autres grands Ghibli (Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro), qu’il me reste encore à découvrir ! Et de belles découvertes en perspective aucun doute là-dessus.

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