Cinexpress #63 – Shaun of the Dead (2004)
Tout le monde, à peu près, connait un minimum ce film. La « Trilogie Cornetto » est aujourd’hui très ancrée dans l’imaginaire commun et les films qui la composent sont généralement considérés comme cultes. Cette fameuse trilogie a été dirigée par Edgar Wright et co-écrite par ce dernier et Simon Pegg, héros des trois films. Pour me lancer, j’ai naturellement commencé par le premier, Shaun of the Dead.
- Genre : Comédie, Horreur
- Réalisateur : Edgar Wright
- Année de sortie : 2004
- Casting : Simon Pegg, Nick Frost, Kate Ashfield, Bill Nighy
- Synopsis : Un trentenaire britannique mène une vie passive et passablement ennuyeuse. Mais c’était avant qu’une invasion de morts vivants ne bouleverse tout. (senscritique.com)
Il faut peu de temps au spectateur pour être plongé dans l’ambiance pleine d’humour british du film. Mettant en avant un duo de trentenaires pas très débrouillards et inconditionnels du pub « Winchester », ce sont deux vrais losers à l’amitié indéfectible, mais aux vies peu tonitruantes et pleines d’ennuis. L’un est un chômeur qui passe son temps à jouer aux jeux vidéo et gagne de l’argent en vendant de l’herbe, l’autre travaille comme vendeur dans un magasin d’électroménager et est en couple avec une femme qui commence à être excédée par son manque de maturité et d’initiative. Peu à peu, les choses finissent par s’obscurcir et empirer, et une invasion soudaine de zombies va avoir lieu, poussant Shaun à se dépasser et à se battre pour lui et ses proches.
Sur la forme, Shaun of the Dead est une parodie ouverte des films de morts-vivants et d’action des années 70-80-90. Tout, ici, est en quelque sorte pris à la légère par ces héros malgré eux, qui se battent comme ils peuvent et ne manquent jamais de frôler la catastrophe. Toutefois, au-delà de cet aspect parodique et humoristique, le film parvient à préserver une forme de tension et à installer une impression de danger permanent, qui peut surgir à tout instant, pour nourrir son aspect horrifique. Dès lors, on sait que l’on va rire et vivre des péripéties folles, mais on ne sait jamais réellement ce qui nous attend.
Ce qui est également intéressant, c’est qu’on peut apporter une lecture plus philosophique et sociale à Shaun of the Dead. A travers la représentation du monde qui entoure Shaun, on peut y lire une métaphore de sa propre vie. Barricadé dans sa jeunesse, effrayé par les soucis et les responsabilités qui l’accablent, il est entouré par un monde assez gris où les gens qui l’entourent semblent en quelque sorte lobotomisés. Quand ses ennuis atteignent leur paroxysme, quand Shaun a dépassé les limites, l’invasion de zombies se déclenche alors, jusqu’à ce qu’il ait été capable de montrer ce dont il est capable, et d’avoir prouvé sa vraie valeur en surmontant ses peurs. A travers cela, on voit une représentation de l’émancipation du jeune homme qui devient enfin adulte, d’un côté, et aussi l’aspect effrayant d’une grande société impersonnelle, qui nous écrase et que l’on veut fuir à tout prix. Le fait que Shaun doive défendre ses amis et sa famille lors de l’invasion de zombies montre l’importance des relations qui nous lient à notre microcosme, les gens qui comptent sur nous et sur lesquels on peut réellement compter.
Shaun of the Dead reste donc un divertissement drôle, déjanté et décapant, entre répliques cinglantes et effusion de violence, mais qui parvient toutefois à soutenir un propos plus profond et apporter un niveau de lecture supplémentaire au simple film pop corn qui se regarde sans réfléchir. Un bon moment qui me motive encore plus à continuer cette fameuse trilogie.
Note : 7,5/10
Bande-annonce de Shaun of the Dead