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Interstellar, Christopher Nolan, 2014 : Tourments Intergalactiques aux frontières de la réalité physique

Affiche d'Interstellar (2014)
Affiche d’Interstellar (2014)

Avant de me lancer dans cette critique, je me suis accordé une nuit de répit afin de digérer le condensé de flux cosmiques que j’ai absorbé. Descartes aimait s’attaquer à la réalité telle qu’on la perçoit à travers la philosophie et l’introspection. Aujourd’hui, et depuis des décennies, la science s’attaque aux frontières entre les dimensions, les théories quantiques et la relativité, cherchant à trouver des explications rationnelles à des phénomènes eux-mêmes irrationnels. Christopher Nolan, réalisateur de films, s’est donné comme défi ambitieux d’explorer ces frontières et d’aller retranscrire ce voyage face à un grand public souvent néophyte et pas vraiment au courant de toutes les subtilités que cela implique.

Matthew McConaughey dans Interstellar (2014)
Matthew McConaughey dans Interstellar (2014)

Dans un futur proche, la Terre s’assèche, les récoltes sont de plus en plus difficiles, faute d’une terre nourrissante, et les tempêtes de sable se multiplient. Cooper est un ancien ingénieur pilote d’essai de la NASA, reconverti en agriculteur après que les conditions climatiques et économiques aient fait cesser toute activité de l’organisation. Il vit avec sa fille, son fils et son beau-père, avec lesquels il survit dans un monde de plus en plus hostile où il est de plus en plus difficile de se nourrir. Murph, la fille, est inquiétée et troublée par des phénomènes étranges qui se déroulent dans sa chambre et qu’elle attribue à la présence d’un fantôme. Cooper va alors la défier de trouver une solution scientifique à ces phénomènes, ce qui va l’amener à conclure à une anomalie gravitationnelle, et les mener vers une installation secrète de la NASA. Cooper va y apprendre qu’un groupe de scientifiques, mené par le Pr Brand, cherche à trouver une solution pour sauver l’espèce humaine en partant pour un monde étranger, grâce à un énorme trou de ver découvert aux alentours de Saturne.

En allant voir Interstellar, je suis entré dans la salle de cinéma, et j’y suis resté environ trois heures. Trois heures où j’ai du passer par tous les états : curiosité, fascination, interrogation, confusion… Interstellar nous envoie balader à travers les galaxies et les dimensions. C’est un travail très ambitieux qui ne se contente pas d’une simple science-fiction où l’on a créé un super-vaisseau avec une nouvelle ressource cachée, qui ferait voyager plus vite que la lumière, et nous envoie coloniser des mondes, voire rencontrer des extra-terrestres. Si tout paraît colossal, gigantesque et invraisemblable, tout est toujours soutenu par un discours scientifique. C’est une des composantes majeures de ce film : l’explication scientifique. On commence avec l’histoire du fantôme de la chambre, puis avec le voyage intergalactique, et l’exploration des nouveaux mondes, jusqu’à franchir une limite où l’explication scientifique n’est plus à même de nous donner des réponses, qui seraient au mieux partielles, ou qui relèveraient de l’extrapolation. En plus de cela, ce film est également un véritable ascenseur émotionnel qui nous fait valdinguer entre les différents étages de l’inconnu, avec toutes les peurs et les curiosités que cela implique. On se perd dans le cosmos, accompagnés par la musique de l’inévitable Hans Zimmer, qui a choisi de faire intervenir ce majestueux instrument qu’est l’orgue, un excellent choix pour un tel film. Matthew McConaughey irréprochable, toujours simple dans son personnage, permettant de mieux s’immerger dans l’action, sans mentionner le reste du casting qui porte parfaitement le film. Je dois avouer que je n’ai pas forcément tout compris, mais l’astronomie ayant toujours suscité ma curiosité, et à défaut d’être un expert, j’étais un peu comme un gamin devant ce film.

Interstellar (2014)
Interstellar (2014)

Interstellar m’a littéralement fait partir dans un trip intergalactique où j’ai voulu m’accrocher au début, et où j’ai fini par lâcher prise et me laisser aller à travers les dimensions. Étrangement, cela ne m’a pas provoqué de sentiment de frustration, j’étais vraiment bouche bée à la sortie, j’avais vraiment la sensation d’avoir vu quelque chose de grand, mais je n’étais pas en mesure de l’expliquer, effet que j’ai ressenti par la suite en visionnant le culte 2001 : L’Odyssée de l’espace, souvent cité comme ayant été la source d’inspiration de Nolan pour Interstellar.

Le premier reproche qui est fait à ce film, c’est l’ambition qui a été à l’origine de cette réalisation, et qui a poussé à explorer différentes complexités de la science en éludant un certain nombre d’éléments. Mais au fond, aurions-nous jamais eu la possibilité d’avoir toutes les explications ? Je n’en suis pas vraiment sûr.

Note : 9/10.

Bande-annonce d’Interstellar

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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