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Gran Torino – Critique & Analyse

Affiche de Gran Torino (2008)
Affiche de Gran Torino (2008)

Ca y est ! Après une attente inexplicable, c’est fait ! J’ai vu Gran Torino, un film dont je n’ai jusqu’ici entendu que du bien. Réputé comme étant le dernier film de Clint Eastwood en tant qu’acteur, Gran Torino est sorti en 2008 et semble avoir marqué ses spectateurs dans le bon sens du terme. Pour un tel monument du cinéma, ce serait bien la moindre des choses que de partir avec classe. Et oui, Monsieur Clint l’a fait, parce qu’il ne sait faire les choses qu’avec classe.

L’histoire débute en pleine cérémonie d’enterrement. Walt Kowalski (interprété par Clint Eastwood) vient de perdre sa femme et assiste à l’éloge funèbre, l’air agacé et fatigué. Sa famille est également présente à la cérémonie, mais cela ne le réconforte guère de voir tous ces gens pour lesquels il n’a que très peu d’estime. Walt est un vieux de la vieille, vétéran de la guerre de Corée, fier patriote américain qui a enduré les pires épreuves pour survivre, et qui vit hanté par les hommes qu’il a tué à la guerre. Comble de l’ironie, il habite dans un quartier à grande majorité asiatique, et cela ne lui plait guère. Cependant, une rencontre impromptue avec un jeune dénommé Thao va peu à peu changer la mentalité du vieux Walt. En effet, l’adolescent va être embrigadé dans un petit gang mené par son cousin, qui va lui ordonner de voler la Gran Torino du vieux Walt. Thao va être pris en flagrant délit, et fuir. Peu de temps après, après avoir esquivé le gang Thao va être rattrapé par les délinquants, chez lui, ce qui va pousser Walt à intervenir et à être considéré comme un véritable héros par ses voisins. Pas d’inquiétude, je n’ai pas raconté toute l’histoire, ce n’est pas mon genre, vous le savez bien !

Clint Eastwood dans Gran Torino (2008)
Clint Eastwood dans Gran Torino (2008)

Gran Torino est à la fois un film jouissif et triste, drôle et touchant. On est amusés par ce vieux briscard drôle malgré lui, dur comme un roc et ouvertement raciste, un critère qui n’est évidemment pas élogieux, mais qui donne un relief particulier au personnage et nécessaire au message transmis par le film. Les insultes et clichés fusent, sans épargner quiconque, avec une inventivité surprenante, donnant naissance à de véritables répliques cultes. Walt n’aime personne, qu’il s’agisse de ses deux fils et de leurs familles respectives, ou de ses voisins qui, pour lui, sont venus souiller le sol de sa belle patrie qu’il a ardemment défendu. En réalité, il n’a d’égard que pour sa vieille chienne et sa Gran Torino. Walt réunit tous les clichés de l’américain modèle : vétéran de la guerre de Corée, il a travaillé chez Ford, le symbole même de la réussite à l’américaine, et passe désormais son temps à siroter des bières sur le porche de sa maison de banlieue qui arbore un grand drapeau américain.

Ce qui fait la réussite de Gran Torino, c’est sa simplicité apparente. Celle-ci se manifeste dès l’affiche, extrêmement sobre, et cette simplicité s’étend à la réalisation elle-même, qui met l’accent sur les fondamentaux et est dénuée de tout élément superflu. La musique est quasiment absente, le rythme est extrêmement juste, et puis il y a Clint Eastwood. Il porte le film grâce à son charisme naturel qui ne souffre absolument pas de son âge avancé, au contraire même. On suit avec intérêt le quotidien de ce vieil homme inflexible, avant tout rongé par le remords et la culpabilité qui le suivent depuis la guerre, et ouvrent des failles dans son cœur de pierre, lui permettant de s’ouvrir de nouveau aux autres.

Clint Eastwood et Bee Vang dans Gran Torino (2008)
Clint Eastwood et Bee Vang dans Gran Torino (2008)

Gran Torino a pour volonté première d’insuffler un message de tolérance aux spectateurs. Walt incarne des valeurs passées, notamment colportées par la guerre, qui l’ont radicalisé et poussé à rejeter ses pairs d’origine étrangère. Ici, on montre que, malgré cela, nous restons avant tout humains, et que les a priori n’ont plus leur place dans notre société. Le film a pour vocation de casser les frontières, tant entre les pays qu’entre les générations.

Difficile de développer davantage car, comme dit précédemment, Gran Torino reste un film simple d’apparence mais un simple article n’est pas suffisant pour transmettre son message et lui rendre hommage. Le mieux à faire c’est de le regarder dès que possible, si ce n’est pas déjà fait ! Clint Eastwood nous gratifie ici d’une superbe dernière performance qui lui permet de quitter le devant de la scène avec les honneurs. Heureusement, sa carrière cinématographique se poursuit, et ce le plus longtemps possible j’espère, de toutes façons Clint est immortel !

Note : 9/10

Bande-annonce de Gran Torino

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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