L’Inspecteur Harry (Don Siegel, 1971) – Critique & Analyse
Nul ne peut oublier le rôle légendaire de Clint Eastwood dans la trilogie du dollar de Sergio Leone, qui façonna sa réputation. Avant tout associé aux westerns, l’arrivée d’une nouvelle décennie va ouvrir de nouvelles voies dans la carrière de Clint, notamment avec l’aide de Don Siegel, qui l’a déjà dirigé dans Un Shérif à New York (1968). Cette fois, leur collaboration va donner naissance à une saga et un rôle qui feront date : L’Inspecteur Harry.
- Genre : Action, Policier, Thriller
- Réalisateur : Don Siegel
- Année de sortie : 1971
- Casting : Clint Eastwood, Andrew Robinson, John Vernon
- Synopsis : Un tueur, Scorpio, menace d’exécuter des innocents choisis au hasard si la mairie de San Francisco ne lui verse pas une forte somme d’argent. (senscritique.com)
Le film ne perd pas de temps dans son exposition et met directement en scène ce qui sera le premier d’une série de meurtres perpétrés par un tueur fou voulant faire pression sur le maire de San Francisco pour obtenir une rançon. L’enquête impliquera l’inspecteur Harry Callahan, connu pour sa propension à aller droit au but et à employer la manière forte si besoin. Accompagné de son Magnum 44, il incarne le flic endurci et charismatique qui va donner une toute nouvelle aura à Clint Eastwood. Don Siegel choisit une enquête principale comme ligne directrice de l’intrigue de son film, mais s’intéresse également au quotidien de l’inspecteur, le mettant face à un braquage de banque ou à une tentative de suicide, dans le but de montrer la vie de tous les jours d’un policier, mais aussi de mettre davantage en relief la personnalité si particulière du personnage.
Le caractère taciturne de l’inspecteur contraste vite avec le déséquilibre apparent de son adversaire, un tueur sans scrupules, avide de sang et d’argent, qui n’hésite pas non plus à tout faire pour parvenir à ses fins. C’est donc un jeu du chat et de la souris que se mènent les deux hommes. Alors que les instances administratives et de la police cherchent à pacifier le tueur et à avorter le conflit, l’inspecteur livre une traque sans relâche pour anéantir ce qu’il juge être une menace majeure pour la ville. Mais la loi et les institutions vont montrer un visage de la justice bien différent que celui que l’inspecteur veut voir.
Siegel met ainsi ici en scène un homme de loi qui l’applique telle que le spectateur veut la voir appliquée. En effet, révolté par le comportement du tueur et par les atrocités qu’il a commises, le spectateur ne peut qu’espérer une sentence exemplaire, autre que celle appliquée d’emblée par le système. Dès lors, l’inspecteur endosse le rôle de ce justicier providentiel qui viendra mettre un terme aux agissements du tueur. C’est ainsi que L’Inspecteur Harry devient un Vigilante Movie par excellence, où le héros (qui est d’ailleurs souvent loin de l’archétype du héros propre et irréprochable) court-circuite le système et applique la loi lui-même et à sa manière.
Dans ce premier opus d’une saga de cinq films, Don Siegel donne naissance à l’un des héros les plus connus et les plus mythiques du cinéma, tout en lançant la carrière de Clint Eastwood sur une nouvelle trajectoire, le menant progressivement à faire ses débuts dans la réalisation. L’Inspecteur Harry est un polar brutal, désacralisant le policier, montrant l’injustice de la justice, c’est à dire des institutions judiciaires, un plongeon sombre dans les instincts sauvages de l’humain, entrant dans une collision brutale avec la société moderne et ceux qui la dirigent.
Note : 8/10.
Le fameux inspecteur Harry, j’ai adoré…