Au nom de la loi (Maurice Tourneur, 1932) – Critique & Analyse
Dans le Paris des années 30, quelque chose s’agite. A l’abri des regards, marchés parallèles et magouilles s’orchestrent, et les forces de l’ordre se mobilisent pour lutter contre ces menaces cachées, surtout quand elles se prennent à l’un d’entre eux. Au nom de la loi vient nous plonger dans ce climat particulier, inquiétant, et passionné.
Fiche du film

- Genre : Policier
- Réalisateur(s) : Maurice Tourneur
- Distribution : Marcelle Chantal, Charles Vanel, Gabriel Gabrio, Régine Dancourt
- Année de sortie : 1932
- Synopsis : Le corps de l’inspecteur Clamart flotte sur la Seine, une balle dans la nuque. Il était sur le point de boucler une enquête importante. Ses collègues remontent la piste… Quelques flics durs à cuire, une belle et mystérieuse trafiquante de « coco », prototype de femme fatale, des truands couturés, des petites gagneuses et des hommes de main chinois… (SensCritique)
Critique et Analyse

En 1932, le cinéma commence encore seulement à « parler », mais celui qui est derrière la caméra savait déjà faire parler les images. Maurice Tourneur, père de Jacques, avait déjà vingt ans de carrière derrière lui, laquelle a débuté en France, pour le mener outre-Atlantique aux Etats-Unis, puis en Allemagne, avant de revenir en France à l’orée du cinéma parlant. Il fit donc partie de ces cinéastes précurseurs qui parvinrent à adapter leur art à ces tout nouveaux codes, forcément marqués par les années muettes qui précédèrent. Au nom de la loi s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle mouvance.
« Au nom de la loi est avant tout un film d’observation : on nous montre des petits détails, on voit les rues s’animer de jour comme de nuit, on découvre le Paris du début des années 30. »
Au nom de la loi est avant tout un film d’observation : on nous montre des petits détails, on voit les rues s’animer de jour comme de nuit, on découvre le Paris du début des années 30. C’est aussi un film de personnages : ces flics devenus coutumiers des bas-fonds, désabusés et à la peau dure, cette femme fatale qui cache de nombreux secrets, ce jeune agent de terrain passionné… Au fil de l’enquête, on découvre donc tout ce monde où les apparences sont bien souvent trompeuses. En effet, si l’intrigue du film de Maurice Tourneur paraît relativement classique, surtout pour un spectateur d’aujourd’hui, c’est dans l’approche des personnages, dans leur attitude, que se révèle son principal intérêt.

Un interrogatoire musclé sera l’occasion d’échanger les rôles entre la brute épaisse devenue victime d’un système qui l’oblige à avouer plusieurs vérités à la minute, et des flics qui n’hésitent pas à abuser de leur pouvoir pour faire avancer l’enquête coûte que coûte. Une trafiquante qui maîtrise l’art de la séduction, mais qui paraît en même temps cacher de profondes fragilités. Dans Au nom de la loi, les personnages sont confrontés à leur propre duplicité, donnant un peu de relief à cette histoire que l’on apprécie suivre pour le regard qu’elle offre sur son époque.
C’est là tout l’intérêt de ce film aujourd’hui très méconnu : cette immersion dans un autre temps. C’est aussi l’occasion de voir un Charles Vanel encore jeune dans ses œuvres, et déjà très plaisant à suivre à l’écran. Maurice Tourneur ne signe donc pas ici une œuvre majeure, mais le spectateur curieux qui trouvera Au nom de la loi sur sa route pourra sans aucun doute profiter d’un bon moment de cinéma.
