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1 jour, 3 films à découvrir #2

En ces temps troublés, le cinéma n’a jamais autant paru être un exutoire. Alors que, pour la plupart, nous sommes confinés chez nous, en télétravail, voire au chômage forcé, voir des films semble être un choix d’occupation privilégié. Pour tenter de penser un peu à autre chose qu’à l’actualité sinistre, j’ai eu l’idée de vous parler, tous les jours, de trois films, sortis de ma « filmothèque ». Trois films pas forcément connus, pour changer un peu de ce qu’on pourrait voir d’habitude, et sans véritable logique dans les choix, l’objectif de cette petite rubrique étant, surtout, de vous parler de cinéma, et de faire du septième art notre principal allié !

Affiche du Gouffre aux Chimères (1951)
Affiche du Gouffre aux Chimères (1951)

Le Gouffre aux Chimères (Billy Wilder, 1951)

Synopsis : Charles Tatum, journaliste sans scrupules, va exploiter un scoop. Au Nouveau-Mexique, Leo Minosa, un Indien, est coincé au fond d’une galerie effondrée. S’arrangeant pour être le seul journaliste sur le coup, Tatum va persuader le shérif de choisir la formule de sauvetage la plus lente.

Voilà bientôt 70 ans que le regretté Kirk Douglas passait devant la caméra de Billy Wilder pour Le Gouffre aux Chimères, mais ce film n’a pas pris une ride. Mettant en avant un journaliste sûr de lui et aux méthodes peu conventionnelles, il met en lumière la frontière souvent très ténue entre l’information et le business. Entre la volonté d’être le premier et le seul sur un scoop, le journaliste transforme et influence l’histoire, jusqu’à générer un véritable buzz national, transformant un accident de travail en une attraction, où les foules s’amassent, où des fêtes foraines s’installent, et où l’on crée des « goodies » à l’effigie du malheureux homme bloqué dans la cave effondrée. Ce sont tous les mécanismes d’un journalisme à sensations et d’une exploitation du sensationnel, de plus en plus répandus de nos jours, qui nous sont ici décrits. Billy Wilder réalise un authentique chef d’oeuvre avec ce film, porté par un splendide Kirk Douglas, aussi charismatique que détestable.


Affiche de Sherlock Junior (1924)
Affiche de Sherlock Junior (1924)

Sherlock Junior (Buster Keaton, 1924)

Synopsis : Un projectionniste, qui rêve d’être détective, s’endort un jour à son travail. Il sombre alors dans un rêve abracadabrantesque où il joue le meilleur détective du monde.

Buster Keaton fut l’un des grands maîtres de la comédie au septième art. On connaît et on retient surtout de lui Le Mécano de la General, considéré comme étant le film manifestant le sommet de son art. Et je ne contesterai jamais ce statut ! Mais il n’y a pas qu’un grand film dans la filmographie de Buster Keaton, loin de là. Et si vous souhaitez davantage découvrir son art, ou vous y initier, Sherlock Junior est une porte d’entrée privilégiée vers le cinéma de ce génie. En à peine trois petits quarts d’heure, Buster Keaton montre son art inégalable du gag, son sens de la mise en scène, tout en brisant le quatrième mur, proposant un film dans le film, entrant lui-même dans un écran de cinéma… Tout y est, qu’il s’agisse des scènes et des gags hilarants, à la magie du cinéma elle-même, pour un film qui ne pourrait avoir de modeste que la durée, tant il est grand.


Affiche des Nouveaux Sauvages (2015)
Affiche des Nouveaux Sauvages (2015)

Les Nouveaux Sauvages (Damián Szifrón, 2015)

Synopsis : Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l’étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d’un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l’indéniable plaisir du pétage de plombs.

Il est vrai qu’en ces temps, la solidarité est de mise, quand nous sommes souvent en proie à une certaine colère envers la société et nos concitoyens. Et ces Nouveaux Sauvages ne manquent pas de donner des exemples de situations où l’on aurait disjoncté plus d’une fois ! Film à sketches, il propose six histoires différentes, confrontant les protagonistes à des situations qui leur font perdre tout contrôle. De celui qui fait la queue de poisson sur la route, à la lutte face à une administration injuste, en passant par la femme bafouée et par le père qui doit rattraper les erreurs de son fils… Le film de Damián Szifrón balaie un large spectre de personnages pour que nous soyons tous à même de nous reconnaître un peu dans chaque situation, et particulièrement dans certaines d’entre elles. En tant que film à sketches, il présente forcément le risque de ne pas plaire autant sur toute la ligne, mais c’est ce qui lui permet de varier les plaisirs, si l’on peut s’exprimer ainsi. Déjanté et jouissif, il se veut surtout être un exutoire, qui permet de relâcher un peu la pression !

Retrouvez la sélection d’hier ici !

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

3 réflexions sur “1 jour, 3 films à découvrir #2

  • Ça tombe bien j’ai découvert Les Nouveaux Sauvages pas plus tard que la semaine dernière grâce au club cinéma de l’université ! Un film d’humour noir vraiment drôle et toujours acerbe ; j’aime particulièrement le sketch du mariage et cet effondrement progressif de l’humanité et du bon sens en un vaste délire qui tend à la folie furieuse. Je plussoie la recommandation !

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