Depuis 2000Critiques

Cinexpress #28 – Tu ne tueras point (2016)

Si je n’ai pas fait ici de Top Films 2016 à proprement parler, nul doute, en tout cas, que celui-ci en aurait fait partie. Les films de guerre, souvent violents dans leur imagerie, puissants dans les émotions qu’ils transmettent, ont tendance à marquer, et nombre d’entre eux font partie de ceux que je considère comme étant de « grands » films tels que A l’Ouest, rien de nouveau (1930), Les Sentiers de la Gloire (1957), Voyage au bout de l’enfer (1978), Full Metal Jacket (1987), et j’en passe. On se dit qu’à l’heure actuelle, il semble difficile d’innover et d’arriver à la cheville de tous ces grands films. Il est vrai qu’ils se ressemblent généralement sur la forme, bien que leur approche varie à chaque fois. C’est ce que Mel Gibson a réussi à faire, en surprenant son monde avec Tu ne tueras point.

clapperboard

Affiche de Tu ne tueras point (2016)
Affiche de Tu ne tueras point (2016)

  • Genre : Guerre, Histoire, Biopic
  • Réalisateur : Mel Gibson
  • Année de sortie : 2016
  • Casting : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Sam Worthington, Hugo Weaving, Teresa Palmer
  • Synopsis : Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer. (senscritique.com)

clapperboard

Tu ne tueras point (2016)
Tu ne tueras point (2016)

Le héros de l’histoire, Desmond Doss, a réellement existé. Objecteur de conscience lors de la Seconde Guerre Mondiale, il s’est démarqué de ses pairs en choisissant de s’engager, à condition d’être infirmier et de ne porter aucune arme au combat. Jeune homme sans histoire, qui a grandi dans une ville paisible de Virginie, fils d’un vétéran de la Grande Guerre, il est très pieux, et toujours prêt à venir en aide à son prochain. Thèmes chers à Mel Gibson, la piété et la spiritualité vont être des éléments déterminants de l’intrigue, conditionnant tout son déroulement. En effet, la première « rupture » intervient lorsque, tiraillé par la volonté de défendre son pays et par ses convictions religieuses, Desmond choisit de s’engager, avec pour promesse de ne jamais toucher d’armes ni de tuer, dans le respect du sixième commandement.

Dans la première partie du film, Desmond est mené à rejoindre un camp militaire visant à entraîner les recrues à rejoindre le front japonais. L’analogie avec Full Metal Jacket s’installe rapidement, entre la présence d’un officier exubérant et criant, et la tension permanente qui habite le groupe de recrues. Chétif, traité de lâche, le héros n’a justement rien d’un « héros » ordinaire. Ses exploits sont dus à sa capacité à tenir ses convictions et sa foi en toute circonstances. Il le fera déjà dans le camp, en résistant aux railleries et aux ordres de ses supérieurs, le forçant à porter une arme, mais il le fera surtout sur le front.

Tu ne tueras point (2016)
Tu ne tueras point (2016)

Si la première partie du film est intéressante pour sa capacité à développer le personnage et à nous faire comprendre la nature réelle de ses convictions, la seconde est saisissante par sa violence et sa puissance. Quand je citais Fury (2014) pour sa violence et le réalisme de ses scènes, Tu ne tueras point n’a rien à lui envier sur ce point. Extrêmement immersif, le film parvient à restituer l’enfer des champs de bataille, le danger et l’horreur comme très peu d’autres films ont été capables de le faire. Insoutenable par moments, il met aussi bien en avant l’horreur, que l’héroïsme du héros, presque divinisé ici, survivant aux pires situations, n’ayant pour seule préoccupation que de sauver les blessés qui gisent sur le terrain.

Desmond Doss, héros ordinaire, aux exploits extraordinaires, est présenté ici comme un ange gardien touché par la grâce, protégé par une présence bienfaisante. Mel Gibson reste fidèle à ses classiques en réalisant un film où les notions de foi, de religion et de spiritualité sont omniprésentes dans le film sans jamais être étouffantes. Soigneusement réalisé et mis en scène, Tu ne tueras point nous fait voyager des contrées paisibles de la Virginie à l’enfer du front japonais. Puissant, parfois insoutenable, Tu ne tueras point explore la notion d’héroïsme jusqu’à l’extrême, tacle les instances de l’armée, et montre la puissance de la conscience humaine. Ce film remue le spectateur à la sortie, et fait sans aucun doute partie des meilleurs de la cuvée 2016.

Note : 8,5/10.

Bande-annonce de Tu ne tueras point

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.