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Cinexpress #83 – The Circle (2017)

Ces temps-ci, les sorties ciné sont assez nombreuses et relativement intéressantes. Sur le papier, The Circle avait de quoi séduire. C’est vrai, un film sur les mastodontes d’Internet avec Tom Hanks et Emma Watson, ça ne peut qu’interpeller. Hélas, mes lectures sur les premiers retours à l’encontre du film m’ont quelque peu refroidi étant donnée leur teneur globalement négative. Mais pourquoi se priver, pour autant, de tenter soi-même l’expérience ?

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Affiche de The Circle (2017)
Affiche de The Circle (2017)
  • Genre : Drame, Science-Fiction, Thriller
  • Réalisateur : James Ponsoldt
  • Année de sortie : 2017
  • Casting : Emma Watson, Tom Hanks, John Boyega
  • Synopsis : Les Etats-Unis, dans un futur proche. Mae est engagée chez The Circle, le groupe de nouvelles technologies et de médias sociaux le plus puissant au monde. Pour elle, c’est une opportunité en or ! Tandis qu’elle prend de plus en plus de responsabilités, le fondateur de l’entreprise, Eamon Bailey, l’encourage à participer à une expérience révolutionnaire qui bouscule les limites de la vie privée, de l’éthique et des libertés individuelles. Désormais, les choix que fait Mae dans le cadre de cette expérience impactent l’avenir de ses amis, de ses proches et de l’humanité tout entière. (senscritique.com)

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Tom Hanks dans The Circle (2017)
Tom Hanks dans The Circle (2017)

Sans, bien sûr, jamais citer de nom d’entreprise réelle, The Circle raconte l’hégémonie d’une société éponyme, sorte d’hybride entre Amazon et Facebook, partie du développement d’un réseau social pour muter en un monstre tentaculaire venant jouer sur tous les terrains. Le film vient prendre le contre-pied de l’image idéale des « campus » pour développer un aspect plus tyrannique de ces grandes entreprises qui développent sans cesse de nouvelles fonctionnalités et ont toujours plus d’influence. L’innovation, ici source d’émulations, devient en quelque sorte le vecteur d’une sombre secte qui agit dans l’ombre pour permettre à « The Circle » de toujours avoir plus de pouvoir.

Pour ce faire, The Circle n’hésite pas à jouer sur la démesure et l’exagération pour grossir au maximum le trait dans le but de choquer. La soif de développement des fondateurs de l’entreprise et des employés est infinie, au risque de renier totalement l’éthique et la morale. En soi, cette déformation par l’excès est tout à fait justifiable par la volonté de The Circle d’alerter sur l’augmentation galopante de l’influence des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), et des enjeux immenses autour et générés par le Big Data. On se retrouve donc ici projetés dans une vision fantasmée et pessimiste d’un avenir où ces grands acteurs de l’économie mondiale prennent le pas sur la suprématie des Etats.

John Boyega dans The Circle (2017)
John Boyega dans The Circle (2017)

Mais s’il est juste de lui reconnaître quelques bonnes trouvailles et le développement d’une thématique on ne peut plus d’actualité, et qui me concerne d’ailleurs beaucoup personnellement, on peut également lui reprocher d’être inachevé et parfois injuste. Tout d’abord, son parti pris, très pessimiste et négatif, cherche à désacraliser l’image de ces grandes entreprises et du « management 2.0 », mais dessert aussi l’image de nombreuses start-ups innovantes et œuvrant pour la grande majorité pour le bien de la société. Or ce film, très grand public, peut porter préjudice à leur image aux yeux de personnes ayant peu de connaissances dans le domaine.

Par ailleurs, The Circle adopte un aspect très aseptisé, uniforme et lisse, qui vise à contraster avec les menaces et les dangers qui planent, mais l’empêche d’exploiter son vrai potentiel. Hélas, le film se clôt d’ailleurs sur une fin très inattendue et décevante, allant totalement à l’encontre de ce qui était attendu. Elle remet totalement en question la dynamique dans laquelle le film avançait et, surtout, lui empêche définitivement d’avoir un impact réel sur les consciences, ce qui est pourtant son véritable objectif. En somme, le film veut dénoncer mais se désavoue tout seul, et malgré un sujet intéressant, n’apprend pas vraiment grand chose ni ne parvient à réellement contribuer au débat général sur l’hégémonie des GAFA. Mauvais ce n’est pas, mais très loin d’atteindre son potentiel maximal.

Note : 6/10.

Bande-annonce de The Circle

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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