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Un Singe en Hiver (Henri Verneuil, 1962) – Critique & Analyse

L’authenticité. C’est probablement ce qui caractérise le mieux Un Singe en Hiver, film d’Henri Verneuil qui choisit ici comme têtes d’affiche un jeune acteur en devenir un un vieux briscard qui a déjà marqué l’histoire du cinéma. En dépit de son apparence toute simple, c’est bien plus que cela.

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Affiche d'Un Singe en Hiver (1962)
Affiche d’Un Singe en Hiver (1962)
  • Genre : Comédie dramatique
  • Réalisateur : Henri Verneuil
  • Année de sortie : 1962
  • Casting : Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo, Suzanne Flon, Noël Roquevert
  • Synopsis : Un ancien alcoolique propriétaire d’hôtel a décidé de ne plus jamais boire. Il rencontre un publicitaire qui va voir sa fille pour la première fois. (senscritique.com)

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Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo dans Un Singe en Hiver (1962)
Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo dans Un Singe en Hiver (1962)

Un Singe en Hiver représente ce que le cinéma français de l’époque, et même le cinéma français en général, sait faire de mieux : être authentique. Le film nous présente ici deux personnages relativement différents, avec d’un côté un vieux maître d’hôtel qui a notamment fait son service militaire en Chine, et connu la guerre, et un jeune publicitaire plein de rêves et d’ambition. Pourtant, malgré ces différences apparentes, les deux personnages se ressemblent à de nombreux égards. En effet, ils aspirent à la liberté, à la réalisation de leurs rêves, mais sont tous les deux entravés par le monde qui les entoure, et par leur propre conscience.

D’un côté, Albert Quentin (Jean Gabin), ayant cessé toute consommation d’alcool suite à une promesse faite à sa femme, semble plutôt à l’aise dans sa vie, mais la nostalgie le hante, notamment à travers les récits de ses aventures en Chine, et c’est à travers le personnage de Gabriel (Jean-Paul Belmondo) que cette nostalgie va resurgir de plus belle. De son côté, Gabriel rêve d’aller en Espagne et de devenir matador, mais il a une fille dont il doit s’occuper, cependant il en est incapable. C’est donc la quête de nos rêves, tant à partir de nos souvenirs que de nos aspirations, qui est ici traitée, laquelle est généralisée par Verneuil à travers le personnage de Landru, qui saisit la première occasion de faire exploser ses vieux feux d’artifice avec Albert et Gabriel.

Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo et Noël Roquevert dans Un Singe en Hiver (1962)
Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo et Noël Roquevert dans Un Singe en Hiver (1962)

Ce qui est très intéressant avec Un Singe en Hiver, c’est bien sûr sa thématique, mais également la maîtrise avec laquelle Henri Verneuil parvient à la traiter, avec l’aide des excellents dialogues de l’éminent Michel Audiard. Ce mélange permet de parfaitement ressentir les émotions des personnages, de partager leur tristesse et leurs espoirs, de presque devenir amis avec eux. Même s’il n’a fait que raconter son passé, on a l’impression d’avoir déjà côtoyé Albert de longues années. Cette authenticité permet d’établir une vraie proximité avec le spectateur et de lui permettre de s’identifier avec tous ces personnages plus vrais que nature.

Un Singe en Hiver est un film vrai, qui parvient à saisir la réalité, à confronter passé et futur pour remettre en question le présent, à transformer une simple rencontre en un hymne à la vie et à la liberté. Voilà un beau film qui donne ses lettres de noblesse au cinéma français, le cinéma de notre monde et de l’humain.

Note : 8,5/10.

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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