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The Lost City of Z (James Gray, 2017) – Critique & Analyse

Jusqu’ici habitué aux cadres urbains, James Gray choisit cette fois de nous transporter au cœur de la forêt amazonienne dans The Lost City of Z pour nous conter à sa manière les aventures du célèbre explorateur Percival Fawcett. Une quête au bout du monde, empreinte de mysticisme.

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Affiche de The Lost City of Z (2017)
Affiche de The Lost City of Z (2017)

  • Genre : Aventure, Biopic, Drame
  • Réalisateur : James Gray
  • Année de sortie : 2017
  • Casting : Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller
  • Synopsis : L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire… (senscritique.com)

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Charlie Hunnam dans The Lost City of Z (2017)
Charlie Hunnam dans The Lost City of Z (2017)

Fawcett est un homme de l’armée, un officier reconnu, aux ambitions affichées, guidé par la volonté de réussir et de dépasser les autres. La première scène, montrant une partie de chasse remportée par Percy Fawcett, allant plus loin que ses camarades et n’hésitant pas à prendre des chemins dissimulés et risqués pour prendre l’avantage, illustre déjà cette rage de vaincre mais, aussi, la capacité de l’homme à se jouer des risques. Cependant, lui qui veut briller en société et être respecté par ses pairs, se retrouve entravé par la mauvaise réputation de son père, qu’il traine comme un fardeau qui ne lui vaut que méprise et rejet. Et lorsqu’on lui propose de partir en expédition en Amazonie pour établir les frontières entre la Bolivie et le Brésil, Fawcett est assez dubitatif et estime que cette mission n’est pas pour lui.

« Cette traversée de l’Enfer permet finalement l’accession à un paradis insoupçonné, la promesse d’une révélation et d’un accomplissement enfin atteint. »

Mais, en bon soldat, il accepte son sort et prend ce nouveau défi comme une occasion de prouver sa valeur. Du confort de vie de l’aristocratie britannique, le voici confronté à la rudesse et aux périls des contrées encore sauvages d’Amérique du Sud. Là-bas, la nature règne en maîtresse, dominant les Hommes. Certains vivent soumis à ses lois, pendant que d’autres y construisent des opéras de fortune, laissant des mélodies d’un autre monde résonner dans ces étendues vierges, pour constituer un étrange tableau illustrant déjà la particularité de ce monde à découvrir. La descente du fleuve sera pleine de dangers, entre maladies et attaques de tribus locales, muant l’Amazone en un Styx qui conduit ceux qui l’empruntent droit vers un Enfer vert sans retour possible. Cependant, cette traversée de l’Enfer permet finalement l’accession à un paradis insoupçonné, la promesse d’une révélation et d’un accomplissement enfin atteint.

Charlie Hunnam dans The Lost City of Z (2017)
Charlie Hunnam dans The Lost City of Z (2017)

La nouvelle obsession de Fawcett ne fait que cacher sa véritable motivation : celle de s’accomplir en tant qu’homme, de porter et de recréer l’héritage de sa famille, et de transmettre à son tour. Des problématiques déjà traitées par James Gray dans le passé, et qui prennent ici une dimension inédite, dans cet écrin verdoyant aussi magique que cruel. The Lost City of Z donne la sensation de quasiment toucher l’intouchable, de voir l’invisible, de percevoir, l’espace d’un instant, l’origine de tout dans des contrées vierges où sommeille un savoir ancien, remettant en perspective toute l’histoire de l’humanité. En faisant appel à Darius Khondji pour la photographie de son film, James Gray lui permet de trouver une dimension presque fantastique, avec ces teintes vertes et jaunes très prononcées, qui embellissent ces tableaux de la forêt amazonienne, tout en faisant écho à elle lorsque l’action s’en éloigne. La bande originale de Christopher Spelman, elle aussi sublime, ajoute une autre touche de magie au film, l’accompagnant de ses mélodies lointaines et cristallines.

Si The Lost City of Z nous transporte dans une aventure au bout du monde, ce n’est que pour mieux nous ramener à l’essentiel et à l’intime. La transmission et l’héritage passent par le sacrifice puis l’accomplissement et, enfin, la reconnaissance, jusqu’à une ultime transcendance qui pourrait être tragique, mais qui devient, ici, une consécration, l’atteinte du sublime, hors du temps et des frontières de notre monde. The Lost City of Z et Ad Astra, le film suivant de James Gray, se répondent très bien : dans le premier, on cherchait nos origines pour notre futur, et dans le second on cherche notre futur pour retrouver nos origines, pour une révélation finale, malgré les échecs qu’il a fallu essuyer pour y parvenir. The Lost City of Z est une épopée mystique aux confins du monde, conclue par vingt dernières minutes d’une beauté remarquable. Un voyage inoubliable.

Note : 9/10.

Bande-annonce de The Lost City of Z

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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