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Cinexpress #216 – Les Enfants du Paradis (1945)

Les Enfants du Paradis est sans aucun doute l’un des pensionnaires les plus respectés et admirés du panthéon cinématographique français. Adulée par beaucoup, cette grande histoire romantique de trois heures s’est imposée comme un classique, une étape nécessaire dans la découverte du cinéma.


Fiche du film

Affiche des Enfants du Paradis (1945)
Affiche des Enfants du Paradis (1945)
  • Genre : Drame, Romance
  • Réalisateur : Marcel Carné
  • Année de sortie : 1945
  • Casting : Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, Marcel Herrand, Maria Casarès
  • Synopsis : Garance et le célèbre mime Baptiste Deburau vivent un amour difficile. Les 2 sont séparés par d’autres amours. Le destin va être cruel avec eux. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Jean-Louis Barrault et Pierre Brasseur dans Les Enfants du Paradis (1945)
Jean-Louis Barrault et Pierre Brasseur dans Les Enfants du Paradis (1945)

Il y a, dans Les Enfants du Paradis, quelque chose de très populaire. Ce n’est pas un film d’élites, il ne cible pas de public particulier, il se veut universel, être capable de parler à tout le monde. Le « paradis » dont fait mention le titre, fait référence au plus haut étage du théâtre, où les places étaient les moins chères, et où s’amassaient les personnes de condition modeste. C’est à ce même public que veulent s’adresser Carné et Prévert, en créant un riche tableau de personnages qui se croisent, s’esquivent, s’aiment et se perdent, mais, surtout, chez qui on peut tous identifier une part de nous. Tous ont une personnalité très marquée, ce qui permet de donner une âme particulière au film, qui impressionne par sa beauté, sa dramaturgie, sa capacité à redonner vie à une époque passée.

« Les Enfants du Paradis confronte, manipule, encense et brise les destins en utilisant l’amour comme arme pour donner vie à ce Paris populaire du début du XIXe siècle. »

Tous représentent une certaine facette de l’amour, le sujet central du film, autant que l’est Garance. Car c’est bien avant tout d’amour qu’il est question dans Les Enfants du Paradis. L’amour, cette étrange chose que l’on cherche toute notre vie, qui rend heureux, triste, qui bouleverse les destins et, surtout, touche à ce qu’il y a plus d’humain chez nous. Il est timide et hésitant chez Baptiste, faussement assuré et enjoué chez Frédérick, rassurant et logique chez Garance, fuyant et cruel chez Nathalie, absent et orgueilleux chez Pierre-François Lacenaire, et protecteur chez le comte Edouard de Montray. Les Enfants du Paradis confronte, manipule, encense et brise les destins en utilisant l’amour comme arme pour donner vie à ce Paris populaire du début du XIXe siècle.

Les Enfants du Paradis (1945)
Les Enfants du Paradis (1945)

Les passions semblent se déchaîner, sur scène et en-dehors, rendant toujours plus floue la barrière entre le théâtre et la réalité. Les acteurs portent des costumes et jouent des rôles, sans oublier qui ils sont vraiment, et ce sont aussi les acteurs de leur propre vie, que Carné met en scène comme une grande pièce de théâtre où les acteurs vont et vienne au gré de l’histoire. C’est grâce à la mise en scène très poétique de Carné et aux dialogues très fins et bien écrits de Prévert que Les Enfants du Paradis parvient à aussi bien associer les deux univers. Il y a donc, au-delà de simplement casser cette barrière du point de vue des acteurs, la même démarche du point de vue du public, avant spectateur, et qui devient, par conséquent, acteur.

Marcel Carné, bien épaulé par Jacques Prévert, parvient ici à donner naissance à une histoire poétique et universelle, et à lui donner vie grâce à une très belle mise en scène. Les Enfants du Paradis a su atteindre la postérité grâce à sa beauté et sa finesse, mais aussi grâce à sa capacité à toucher tout le monde, quelle que soit l’époque.


Note et avis

4/5

Drame humain populaire à la mise en scène très poétique, Les Enfants du Paradis présente le monde et la vie comme une grande pièce de théâtre, casse les barrières sociales et réunit l’humanité dans un instant de mélancolie.


Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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