Années 1930 - 1960CritiquesUne année, un film

Les Chasses du comte Zaroff, Ernest B. Schoedsack & Irving Pichel, 1932

Affiche des Chasses du comte Zaroff (1932)
Affiche de Les Chasses du comte Zaroff (1932)

« Une année, un film » : Les Chasses du comte Zaroff, réalisé par Ernest B. Shoedsack et Irving Pichel, sorti le 16 novembre 1932.

Synopsis

Robert Rainsford, un chasseur de fauves réputé, est l’un des passagers d’un yacht privé, lequel navigue quelque part en mer des Caraïbes. Le capitaine remarque que l’emplacement des balises indiquant l’approche des côtes a été modifié. Sans avoir le temps de tirer la sonnette d’alarme, le yacht se fracasse sur des écueils et coule, ne laissant comme survivant que Robert Rainsford. Le naufragé découvre une île sauvage abritant une forteresse austère et imposante. Il s’y rend dans le but de trouver des signes de civilisation, et fait la rencontre du riche comte Zaroff, qui abrite également d’autres naufragés, eux aussi retenus dans la forteresse, car le canot à disposition est en panne. Robert y rencontre Eve Trowbridge et son frère Martin. Celle-ci va révéler à notre chasseur qu’elle s’était également échouée avec deux autres matelots, mais qu’ils ont mystérieusement disparu.

Leslie Banks dans Les Chasses du comte Zaroff (1932)
Leslie Banks dans Les Chasses du comte Zaroff (1932)

Un beau mélange des genres

Qu’on se le dise, l’intérêt des Chasses du comte Zaroff ne réside pas tellement dans la portée philosophique du film (bien que la maxime « l’homme est un loup pour l’homme » lui aille à merveille), mais plus dans son aspect esthétique et sur l’expérience psychologique proposée au spectateur car, rappelons-nous, ce film est sorti en 1932. Une toute autre époque, il faut le dire. En effet, Les Chasses du comte Zaroff est avant tout un survival, mais il se situe également au carrefour de trois genres majeurs du cinéma que sont le fantastique, l’aventure et le thriller. Le premier se manifeste grâce au château, impressionnant et inquiétant, véritable forteresse ancienne abritant des personnages inquiétants, le tout dans un univers hostile. Le second genre apparaît grâce aux scènes de chasse dans la jungle hostile, ses animaux et ses paysages sauvages, entre la forêt dense et les marécages embrumés. Enfin, je me permets de qualifier ce film de thriller à travers la traque inexorable menée par Zaroff. Les trois s’associent à merveille pour créer un film aujourd’hui considéré comme un classique du cinéma.

Fay Wray et Joel McCrea dans Les chasses du comte zaroff (1932)
Fay Wray et Joel McCrea dans Les Chasses du comte Zaroff (1932)

Vous avez dit « King Kong » ?

A priori, aucun rapport, pourtant, il est impossible de ne pas y penser en voyant Fay Wray à l’affiche d’un film se déroulant dans un univers naturel et hostile. De plus, King Kong n’est sorti qu’un an après Les Chasses du comte Zaroff. Vous êtes donc tout à fait en droit d’y déceler des similitudes. Cela tombe bien ! En effet, si l’on y regarde d’un peu plus près, King Kong a été en partie réalisé par Ernest B. Shoedsack, un nom que vous avez sûrement déjà lu quelque part… Plus haut sur cette page par exemple ? En effet, la même équipe a dirigé le tournage des deux films, se déroulant dans les mêmes décors, avec Fay Wray dans le rôle principal. Pour associer les deux tournages sans que les deux films n’empiètent l’un sur l’autre, King Kong était tourné de jour, et Les Chasses du comte Zaroff la nuit. Voilà qui, je l’espère, satisfera votre compteur d’anecdotes quotidien !

Leslie Banks dans Les Chasses du comte zaroff (1932)
Leslie Banks dans Les Chasses du comte Zaroff (1932)

Un film qui vise juste

Passé ce petit aparté, revenons à nos moutons, enfin, à nos pauvres naufragés. Les Chasses du comte Zaroff est, à l’instar de bien des films de son époque un précurseur qui pose les standards des genres qu’il représente. Ce n’est certes pas le premier film d’aventure de l’histoire du cinéma. On peut, par exemple, citer un autre classique, Le Monde Perdu, sorti sept ans plus tôt. Les Chasses du comte Zaroff est relativement classique dans sa construction, et c’est probablement ce qui en fait un classique parmi les classiques. Les beaux décors typiques de l’époque lui donnent ce côté vintage très appréciable lors de son visionnage à notre époque. Les deux acteurs principaux (je parle ici de Joel McCrea et Fay Wray) incarnent le glamour du Hollywood des années 30, tandis que Leslie Banks est le parfait méchant, distingué, machiavélique et inquiétant. Ainsi, telle une recette de cuisine suivie à la lettre, Les Chasses du comte Zaroff réunit tous les ingrédients nécessaires à un film d’aventure : une île sauvage, une vieille forteresse sinistre apparemment abandonnée, un chasseur aguerri, une belle femme perdue et esseulée, et un sombre personnage manipulateur entouré de sbires tous plus effrayants les uns que les autres.

Les Chasses du comte Zaroff (1932)
Les Chasses du comte Zaroff (1932)

En définitive, Les Chasses du comte Zaroff est un film qui a conservé tout le charme des films d’époque, sans pour autant avoir sombré dans la désuétude absolue. Réalisé à la fin de l’ère du pré-code (on y revient), celui-ci prend certaines libertés, notamment dans les manifestations de la violence, lui permettant ainsi de conserver aujourd’hui la modernité qu’il présentait déjà à l’époque. C’est un film court, mais intense, qui transpose parfaitement à l’écran les sentiments d’effroi et de panique qui habitent nos héros lors de la traque organisée par le sinistre comte sur l’île. Les Chasses du comte Zaroff a su pleinement satisfaire mon appétence pour ces vieux films au charme inimitable, et est vivement recommandé à tous les amateurs de films d’aventure !

... et pas d'entourloupes !
… et pas d’entourloupes !

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

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