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Cinexpress #131 – La prochaine fois je viserai le coeur (2014)

Voici un film que j’avais manqué à sa sortie, fin 2014. Il s’était quelque peu glissé dans les tréfonds de ma mémoire, avant que France 3 ne décide de le programmer jeudi soir. Sans programme ni d’autre film à voir, je me suis dit que c’était la bonne occasion de le rattraper, et se faire une petite cure à base de cinéma français récent me paraissait être une bonne idée. C’était également l’occasion de retrouver Guillaume Canet, acteur français ayant généralement bonne presse, mais dont j’ai vu encore peu de films. Regardons, alors, ce que vaut La prochaine fois je viserai le cœur.


Fiche du film

Affiche de La prochaine fois je viserai le cœur (2014)
Affiche de La prochaine fois je viserai le cœur (2014)
  • Genre : Thriller
  • Réalisateur : Cédric Anger
  • Année de sortie : 2014
  • Casting : Guillaume Canet, Ana Girardot, Jean-Yves Berteloot
  • Synopsis : Alain Lamare mène une double vie. Il est gendarme et un agresseur qui a commis plusieurs crimes entre 1978 et 1979. Il sera arrêté en avril 1979. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Guillaume Canet dans La prochaine fois je viserai le cœur (2014)
Guillaume Canet dans La prochaine fois je viserai le cœur (2014)

La prochaine fois je viserai le coeur est un pur contre-polar, tout d’abord de part le fait que le héros de l’histoire est à la fois l’enquêteur et le meurtrier, mais aussi car le rythme qu’il suit n’est pas celui d’une enquête classique. Il ne s’agit pas de jouer sur des rebondissements, une progression en « escaliers » éclaircissant petit à petit les zones d’ombres, mais bien d’installer un climat et un déroulé éreintants, usants, acheminant le spectateur, le seul à être au courant de tout, vers le dénouement inéluctable de l’histoire. Tout est très lancinant, agressif, usé, en réalité, rien n’est beau dans ce film. Non pas en termes de réalisation, mais bien dans la façon dont se nouent les relations entre les personnages, ainsi que dans l’expression des émotions et des sentiments de ce dernier.

Le film de Cédric Anger est très animal. Il est à l’image de son personnage principal, qui vit et s’exprime avant tout à travers ses instincts primaires. Il est quasiment totalement déshumanisé, sa manière d’être répond directement à ses pulsions, mais on discerne chez lui, au-delà de ce côté très primitif, quelque chose de beaucoup plus complexe, oscillant entre un dédoublement de la personnalité et une forme de perversion narcissique. Il tue par envie, voire par nécessité, mais il ressent le besoin de provoquer les gendarmes en leur envoyant des lettres. L’idée du film est donc de jongler perpétuellement entre les instincts primaires du personnage principal et ce qu’il lui reste d’attributs humains.

Guillaume Canet dans La prochaine fois je viserai le cœur (2014)
Guillaume Canet dans La prochaine fois je viserai le cœur (2014)

Pour cela, le jeu tout en nuances de Guillaume Canet permet au personnage principal de rester dans cet équilibre précaire. L’acteur livre ici une formidable prestation où il parvient parfaitement à dégager l’antipathie maladive du personnage, tout en étant capable, notamment lors des accès de folie, de transmettre au spectateur des émotions telles que la peur et des sentiments tels que le regret. Même s’il est très proche de la nature, tant dans sa façon d’être que dans son envie permanente de s’y réfugier, il ne peut convertir sa misanthropie en affranchissement total de sa condition d’être humain.

Toutefois, on regrettera un certain manque de contexte qui permettrait de donner encore plus de relief au personnage, de faire de son mal le vecteur d’un message sur la société plus qu’un simple mobile pour des meurtres impulsifs et une soif de destruction nourrie par le rejet de l’humain. On perçoit pleinement sa bestialité grâce à la très bonne performance de Guillaume Canet, et la caméra de Cédric Anger, très proche de ses personnages et avec une imagerie très naturaliste. Mais, même si l’intrigue suit un rythme cohérent, et si l’histoire est intéressante, il lui manque une résonance plus sociologique, qui lui aurait permis d’atteindre une autre dimension, et d’être plus qu’un bon thriller.


Note et avis

3.25/5

[star rating= « 3.5 » max= « 5 »]

Cohérent dans son rythme et son esthétique, La prochaine fois je viserai le coeur doit également beaucoup à Guillaume Canet qui livre une superbe prestation, à la hauteur de la complexité du personnage qu’il incarne. Un bon thriller français, qui aurait cependant pu être encore plus ambitieux et utiliser ce personnage pour nourrir un message sociologique et philosophique fort.


Bande-annonce de La prochaine fois je viserai le coeur

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

1 réflexion sur “Cinexpress #131 – La prochaine fois je viserai le coeur (2014)

  • je l’ai vu et c’est un beau film. Un des meilleurs rôles de Canet. Il est passé assez inaperçu et c’est dommage. Bonne soirée à toi :)

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