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Cinexpress #208 – Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)

Lorsque Steven Spielberg adapta le Jurassic Park de Michael Chrichton en réalisant le film éponyme, ce fut l’ouverture d’une nouvelle page de l’histoire du cinéma à laquelle nous assistâmes en voyant un majestueux Brachiosaure se lever sur ses pattes arrière pour atteindre les hautes cimes d’arbres inatteignables. L’ère des effets spéciaux en images de synthèse débutait définitivement, et toute une génération porta ce film au rang de mythe. Deux suites furent réalisées, avant que le projet Jurassic Park IV ne nous tienne en haleine pendant plus de dix ans, avant l’arrivée de Jurassic World, film hommage aux retours mitigés mais, surtout, la promesse du grand retour des dinosaures dans nos salles. Vint alors Jurassic World : Fallen Kingdom, une suite aussi mystérieuse qu’intrigante et inquiétante.


Fiche du film

Affiche de Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)
Affiche de Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)
  • Genre : Action, Aventure, Science-Fiction
  • Réalisateur : Juan Antonio Bayona
  • Année de sortie : 2018
  • Casting : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Ted Levine, Toby Jones
  • Synopsis : Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. (senscritique.com)

Critique et Analyse

Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)
Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)

La première remarque que l’on peut se faire avec Jurassic World : Fallen Kingdom, c’est que sa promotion ne va pas par quatre chemins. Les bande-annonce en mettent plein la vue, teasant un spectacle d’envergure prêt à ravir tous les amateurs de gros monstres effrayants, dont je fais partie. Cependant, il fallait rester sur ses gardes, et canaliser son impatience, pour éviter un « syndrome Star Wars », le même qui rend heureux les fans de la saga qui peuvent profiter de la présence de leur univers favori sur grand écran, mais qui attriste les nostalgiques qui n’arrivent pas à accepter ces nouveaux films. Forcément, Jurassic World : Fallen Kingdom pouvait difficilement l’éviter, et il n’y a pas coupé.

« Un bel emballage qui cache, en son sein, un produit manquant de réelle saveur. »

Les avis étaient très tranchés, oscillant entre un enthousiasme certain et, plus souvent, un rejet manifeste du film de Juan Antonio Bayona. J’y suis allé dans un état d’esprit totalement neutre voire positif, en tant que fan inconditionnel de Jurassic Park, comme un grand amateur de gros lézards, mais dans une méconnaissance totale de l’œuvre du cinéaste. C’est donc, probablement, ce qui m’a fait avoir un avis relativement mitigé sur ce film qui, loin d’être une réussite totale, n’est pas non plus aussi repoussant que le tas de déjections de Tricératops que Ian Malcolm regardait avec stupeur dans le tout premier film. C’est, comme beaucoup le disent, un bel emballage qui cache, en son sein, un produit manquant de réelle saveur.

Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)
Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)

En effet, il est impossible de reprocher à Juan Antonio Bayona la qualité de sa réalisation, pleine de belles trouvailles, et qui arrive à donner du sens et de l’impact à plusieurs scènes, comme, notamment, sans risquer de trop en dire, celle du Brachiosaure sur l’île. Il y a quelque chose de parfois très horrifique et psychanalytique dans la mise en scène de ce film qui ne manque donc pas de vouloir proposer des choses intéressantes. Cependant, c’est dans son écriture et son scénario que le film trouve ses grandes failles. On ne peut s’empêcher de constater, tout d’abord, le manque d’intérêt réel envers les personnages, tous très classiques voire affreusement génériques, comme les deux nouveaux personnages secondaires qui, avant même qu’ils ne s’expriment, avaient tendance à m’énerver tant ils semblaient cumuler les clichés et totalement manquer de naturel.

« C’est donc face à une certaine frustration que nous sommes confrontés, avec cette esthétique et cette mise en scène réussies, mais une écriture pleine de lacunes et de failles. »

Car il ne s’agit pas de tirer sur l’ambulance, on ne peut pas forcément espérer d’une grande production qu’elle nous surprenne sur ce point, mais, justement, faire cette remarque pointe elle-même le problème. En effet, ici les personnages semblent tous sortir d’un catalogue, et de ce constat apparaissent les très grosses ficelles qui vont construire le scénario dont on devine assez rapidement l’évolution et le dénouement. Par ailleurs, ce même scénario peine souvent à s’assumer, devant faire appel à des ressorts scénaristiques souvent absurdes et grotesques pour faire avancer l’intrigue. C’est donc face à une certaine frustration que nous sommes confrontés, avec cette esthétique et cette mise en scène réussies, mais une écriture pleine de lacunes et de failles.

La frustration est donc probablement le mot qui résume le mieux les impressions que génère ce Jurassic World : Fallen Kingdom. D’un côté, je lui concède volontiers de bonnes idées et trouvailles, mais je ne peux faire abstraction des faiblesses dont il fait preuve dans son écriture et son déroulé. Les messages qu’il tente de transmettre sont mal exprimés et peu appropriés au scénario, et on se demande, par moments, s’ils ne sont presque pas immoraux.

De ce film on pourrait s’atteler à la rédaction d’un essai tentant de répondre à la question suivante : « Est-il acceptable qu’une grosse production se contente d’être seulement correcte sous prétextes qu’elle suit des codes définis et cherche à plaire au plus grand nombre ? » Une question qui ne manquerait d’ailleurs actuellement pas d’exemples pour tenter d’y répondre. Dans tous les cas, Jurassic World : Fallen Kingdom n’a pas fini d’être une source de débats, promettant d’ailleurs une suite, mais qui risque de devoir entraîner un important travail de fond et de réflexion pour tenter de relever un royaume qui est au bord de l’effondrement.


Note et avis

2.75/5

Sans être une réelle catastrophe, Jurassic World : Fallen Kingdom est un divertissement sympathique qui permet de retrouver de gros dinosaures sur grand écran, mais qui pâtit d’une écriture maladroite et d’un scénario faible, malgré une belle réalisation.


Bande-annonce de Jurassic World : Fallen Kingdom

Quentin Coray

Quentin, 29 ans, mordu de cinéma depuis le visionnage de Metropolis, qui fut à l'origine d'un véritable déclic. Toujours en quête de nouvelles découvertes pour élargir mes connaissances et ma vision du cinéma. "L'art existe et s'affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l'idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains." - Andreï Tarkovski

2 réflexions sur “Cinexpress #208 – Jurassic World : Fallen Kingdom (2018)

  • Pour ma part, « Jurassic World: Fallen Kingdom » est un très bon film pop-corn, disposant d’une histoire sans intérêt, d’une intrigue basique, mais d’une production époustouflante. Le rythme est très dynamique, les scènes d’action sont très impressionnantes et les effets spéciaux sont excellents. La bande originale offre des sonorités très classiques qui viennent parfaitement souligner les différentes émotions véhiculées par l’histoire. La distribution offre de bonnes prestations, mais le développement des personnages est tellement pauvre qu’ils ne peuvent pas pleinement exprimer leur potentiel. L’ensemble est grandement divertissant et offre un spectacle visuel impressionnant.
    Ma note : 16/20.
    Ma critique : https://wp.me/p5woqV-64J

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  • aie dommage ! c’est un peu ce que je craignais pour cette suite. Je le verrais en son temps pourtant j’aime bien Chris Pratt qui reste pour moi Starlord ;) bonne soirée à toi !

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